Glastonbury festival 2011, une édition extraordinaire mais physiquement éprouvante

3 juillet 2011

Glastonbury festival 2011, une édition extraordinaire mais physiquement éprouvante

18,5 millions. C'est le nombre de spectateurs britanniques qui ont suivi le festival de Glastonbury sur leurs petits écrans le week-end dernier.
Un record pour la BBC qui assurait l'exclusivité de la retransmission.
Parmis ces millions de téléspectateurs devaient se compter de nombreux infortunés qui n'ont pu se procurer l'un des 134.500 forfaits (à 195£) vendus en l'espace de quelques heures l'année dernière.
Car le spectacle n'était pas à la TV, il se jouait sur place, à Pilton dans le Somerset, dans le sud-ouest de l'Angleterre.
Depuis 41 ans se déroule le plus important festival au monde : Glastonbury, festival of Contemporary Performing Acts.
La manifestation organisée sur la ferme de Michael Eavis (photo à droite) - le fondateur et l'organisateur - ne ressemble à aucune autre existante sur la planète.
Elle pourrait être la fusion des festivals des Vieilles Charrues à Carhaix ou des Eurockéennes de Belfort pour les musiques actuelles, d'Aurillac ou Chalons-en-Champagne pour les arts de rue, ... et encore on est loin du compte.
177.000 personnes par jour, 80 scènes éparpillés sur près de 4,5km2 de superficie, 2.000 spectacles, des dizaines de terrains de camping à l'intérieur du site, des espaces alternatifs et écologistes, des animations réservées aux enfants, ... le festival de Glastonbury est réellement unique.

L'édition 2011 (22 - 26 juin) a été une fois de plus un succès artistique et populaire.
Et météo chaotique n'a pas gaché la fête. La pluie a été au menu de la semaine. Avec pour conséquence la transformation des vertes prairies en immenses champs de boue (photo à droite). Si le port de bottes était indispensable, les déplacements sur le site sont vite devenus périlleux et fatiguants.
Heureusement le soleil a brillé le dimanche pour la clôture du festival.

Si les jeunes forment le gros du public, les familles avec leurs jeunes enfants ainsi que les retraités (souvent des vétérans des premières éditions) sont présents en nombre sur le festival.
Et les conditions météorologiques extrèmes pendant cinq jours ne semblent pas les avoir découragé. Au contraire.
C'est la bonne humeur qui se lisait sur les visages des festivaliers trop heureux de participer à la fête et d'assister aux meilleurs concerts de l'année.
Le groupe irlandais U2 le vendredi, les anglais Coldplay (photo à droite) le samedi et Beyoncé le dimanche formaient le trio des têtes d'affiche de l'édition 2011 sur Pyramid Stage la scène amblématique du festival. A noter que que la chanteuse américaine de R'n'B fut la première tête d'affiche féminine depuis la création du festival.
Au jeu des comparaisons, Beyoncé a surclassé les deux autres groupes au moins au niveau du spectacle. Beyoncé a livré un show mémorable (cf. vidéo) avec feux d'artifice et chorégraphie époustouflante. Par contre coté musical, les débats sont plus ouverts ...
Grosse déception pour ceux qui espéraient voir le mari et chanteur hip-hop Jay-Z sur scène. L'ancienne tête d'affiche - contestée - de 2008 est restée bien sagement dans les coulisses.

Outre Morissey (photo à droite), Fleet Foxes, Two Doors Cinema Club, the Kills, the Chemical Brothers, ... les moments forts auront été les concerts secrets de Radiohead et de Pulp (Jarvis Cocker) à Park Stage, scène située sur les hauteurs du site.
Alors qu'ils n'étaient pas annoncés sur les programmes, la rumeur de la venue de ces deux groupes britanniques prestigieux a vite fait le tour du festival contraignant les organisteurs à bloquer tous les accès menant vers la scène pour des questions de sécurité.

Mais Glastonbury n'est pas seulement un festival de musiques actuelles (pop, rock, electro, world, jazz, hip-hop, ...) c'est aussi un festival dédié au cirque, au théâtre, aux spectacles de rue, à la poésie, au slam, au cinéma, ... et il existe même un espace destiné aux enfants "Kidz field".
Chacun peut donc trouver son bonheur à Glastonbury : écouter de la musique, regarder un film 3D sous chapiteau, assister à un spectacle de cabaret ...
Mais ce n'est pas tout, il est aussi possible de s'initier au travaux manuels. De nombreux stands présents sur Green Crafts Field, situé dans l'espace alternatif Green Fields, permettent de d'apprendre l'art de la poterie, de la taille de la pierre, de la forge, du verre, ...
Et après l'effort le réconfort. Des stands de relaxation, de massages (photo à droite), de méditation, ... sont proposés dans Healing Fields.
Autre espace dans Green Fields est Green Futures Field. C'est le lieu où le festivalier s'informe des questions de société et d'environnement.
Un stand attire particulièrement l'attention de tout francophone, c'est celui de "Stop Hinkley". Deux nouvelles centrales nucléaires EPR doivent être construites par l'opérateur français EDF (présent au Royaume-Uni suite à la privatisation de l'énergie) sur la cote ouest et distante d'une quarantaine de kilomètres du festival. Une nouvelle ligne THT est prévue pour transporter l'électricité produite.
Toute ressemblance avec les constructions de l'EPR à Flamanville et la ligne THT Cotentin-Maine dans le département de la Manche ne serait que fortuite ....
Un accident nucléaire à Hinkley-Point de type Tchernobyl ou Fukushima sinistrerait toute la région et remettrait en cause le festival de Glastonbury.
Les responsables du stand enjoignent les autorités britanniques de suivre l'exemple de l'Allemagne qui s'est engagée à sortir du nucléaire d'ici 2022.

Cette campagne est soutenue aussi par Greenpeace. Elle est l'une des ONG aidées par le festival. Avec Wateraid et Oxfam. Plus de deux millions de livres sont versés chaque année par le festival auprès de ces organisations environnementales, humanitaires ou caritatives internationales et aussi à quelques associations locales.

Impossible de conclure le billet sans aborder la vie nocturne du festival.
Un couvre-feu musical est imposé par les autorités locales à 0h30. Tous les concerts sur les principales scènes du festival (Pyramid (photo à droite), Other, West Holts, John Peel, Acoustic, Park, ... Stages) doivent s'arrêter au plus tard à cette heure sous peine de sanction. En 2009, le festival avait écopé d'une amende de 3.000£ suite au dépassement de 9 minutes lors du concert du "boss" Bruce Springsteen.
Après 0h30 les festivaliers ne rentrent pas sous leurs tentes. Ils périgrinent de bars en bars attirés par la musique live ou enregistrée produite dans ces lieux.
Surtout ils se dirigent à l'extremité ouest du site où se trouvent des espaces les plus improbables et inimaginables : Shangri-La, Block9, Arcadia (photo à droite), the Common , the Unfairground.
Décorations et ambiances post-apocalytiques ou futuristes, exposition d'engins style Mad-Max, installation métallique crachant décibel, feu et lumière, ... les festivaliers sont réellement dans la 4ème dimension.

Il y aurait encore beaucoup d'autres choses à écrire sur ce fantastique festival.
Mais tous les mots ne peuvent décrire ce festival. Il faut le vivre pour réellement se rendre compte de la richesse et du potentiel de cette manifestation.
Malheureusement il faudra attendre 2013 pour se rendre à la prochaine édition; le festival 2012 étant off à cause des Jeux Olympiques de Londres.