HISTORIQUE!
Les résultats du premier et seul tour des élections municipales à Avranches, ce dimanche 23 mars 2014 resteront dans les annales.
En effet, le député maire sortant UMP d'Avranches Guénhaël Huet, qui briguait un troisième mandat, a été sorti par le candidat sans étiquette David Nicolas, qui se présentait pour la première fois sur une élection.
Goliath a été battu par David, pour faire une comparaison facile avec l'épisode biblique et rebondir avec un précédent post (lire ici).
les résultats :
nombre d'inscrits : 5.559 (5.670 en 2008)
nombre de votants : 3.459 (3.610 en 2008)
blancs et nuls : 126, soit 3,6% (258, soit 7,1% en 2008)
suffrages exprimés : 3.333, soit 96,4% (3.352, soit 92,9% en 2008)
taux de participation : 62,2% (63,7% en 2008)
abstention : 37,8% (36,3% en 2008)
liste « Avranches avec vous » Guénhaël Huet : 1.547 suffrages, soit 46,41%
liste « Aimons Avranches » David Nicolas: 1.786 suffrages, soit 53,59%
soit 239 voix d'écart
répartition des Conseillers municipaux :
liste « Avranches avec vous » Guénhaël Huet : 6 sièges
liste « Aimons Avranches » David Nicolas : 23 sièges
répartition des délégués au Conseil communautaire :
liste « Avranches avec vous » Guénhaël Huet : 2 sièges
liste « Aimons Avranches » David Nicolas : 8 sièges
accès aux résultats officiels, par bureaux et la composition du futur conseil municipal : cliquer ici
Analyse.
L'élimination du notable Guénhaël Huet, aussi incroyable soit-elle, ne constitue pas réellement une surprise. Du moins, pour ceux qui ont suivi cette campagne électorale (lire ici)
Le maire sortant Guénhaël Huet a fait une campagne a minima, laissant penser que ce scrutin serait une formalité pour lui et sa réélection acquise face à son adversaire sans expérience.
Sa campagne s'est limitée à quelques réunions qui n'ont pas réellement mobilisé, à l'utilisation peu convaincante des réseaux sociaux.
Sa communication (tracts et profession de foi) n'a pas été persuasive tant sur le fond (reconduction du programme 2008) que sur la forme (graphisme, composition). Les colistiers et sympatisans ont été peu vus sur le terrain sauf sur les dernières semaines.Le débat radiophonique SEA FM en présence des deux candidats n'a pas été à l'avantage de Guénhaël Huet, souvent mis en difficulté par son adversaire et repliquant par des arguments de langage style «gauche bo.bo, incompétence, ignorance, ...».
Sa méthodologie autoritaire et son bilan contestable (les déchets, la vidéosurveillance, ...) ont pu rebuter de nombreux électeurs.Par ailleurs, avec la loi sur le cumul des mandats qui s'appliquera en 2017, Guénhaël Huet conservant a priori son fauteuil de député, nombreux ne voyaient pas qui sur sa liste aurait pu le remplacer à la tête de la mairie.
De ce qui précède peut aider Guénhaël Huet à comprendre sa défaite quand il déclare sur F3 Basse-Normandie (cf. vidéo) «Je ne peux pas expliquer de façon rationnelle ce qui ne peut pas s'expliquer de façon rationnelle».
Son adversaire David Nicolas a construit le projet dès le printemps 2013. En étroite collaboration avec son équipe composée de différentes sensibilités politiques et en consultant les avranchinais lors des nombreuses réunions participatives.
Le candidat sans étiquette propose un autre modèle de gouvernance avec la création de conseils consultatifs et participatifs, plus de transparence dans la gestion de la ville, ...
Au niveau communication, les propositions ont été présentées sur le site internet, couplé aux comptes twitter et facebook, et appuyé par de nombreuses vidéos de qualité professionnelle.
Autres atouts de la liste «Aimons Avranches» : l'ouverture d'un local de campagne dans l'artère principale de la ville, l'utilisation d'une remorque avec les affiches géantes de la liste de candidats, l'organisation de très nombreuses réunions publiques, la mobilisation des colistiers sur le terrain (tactage et port-à-porte), ...
David Nicolas s'est engagé à être un maire à 100%, ne cumulant pas avec d'autres mandats d'exécutifs locaux. Au contraire de son adversaire Guénhaël Huet qui occupait les mandats de député, maire et président de la communauté de communes Avranches Mont-Saint-Michel. Et qui envisageait cette continuité jusqu'en 2017 s'il était réélu.
Avec sa défaite, dorénavant simple conseiller municipal d'opposition, Guénhaël Huet va pouvoir s'occuper à presque 100% de son mandat de député.
En effet il parait peu envisageable, sinon inconcevable qu'il puisse être reconduit / réélu président de la communauté de communes sauf à paralyser la collectivité supracommunale.
La défaite aux élections municipales de Guénhaël Huet est-elle le début de la fin de sa carrière politique dans le sud Manche?
Rendez-vous en 2017.
En attendant, le nouveau conseil municipal se réunira non le dimanche matin 30 mars 2014 comme annoncé sur la vidéo mais vendredi 28 mars 2014 à 20h30 [MAJ 24/03/2014 - 18h30] avec l'élection du maire et des adjoints.
composition du conseil municipal :
liste Guénhaël Huet : Guénhaël Huet, 57 ans, député-maire sortant et tête de liste / Isabelle Mazier, 41 ans, commerçante opticienne / Marcel Siri, 58 ans, cadre commercial, président de la Pétanque avranchinaise / Emilie Seille, 38 ans, professeur des écoles / Alain Morazin, 57 ans, agent de la fonction publique hospitalière, délégué du personnel (CFTC) du Centre hospitalier Avranches-Granville / Rozenn Leroy, 67 ans, infirmière retraitée, vice-présidente d'une association de formation infirmière
liste David Nicolas : David NICOLAS, fonctionnaire territorial, 40 ans / Peggy COCHAT, enseignante spécialisée en IME, 39 ans / Philippe DROULLOURS, directeur d'école, 52 ans / Annie PARENT, médecin, femme au foyer, 50 ans / François DELAUNEY, organisateur d'événements, 40 ans / Emilie CAPELLE, directrice de crèche halte-garderie, 41 ans / Hervé LAINE, agent immobilier, 59 ans / Nadine CALVEZ, professeure des écoles, 50 ans / Thierry PENNEC, conseiller pénitentiaire de probation et d'insertion, 53 ans / Valérie LABBE, kinésithérapeute, 42 ans / Roland CARO, cadre social, 56 ans / Camille DE ROSTOLAN, agricultrice, 31 ans / Christian COSSEC, conseiller d'orientation, 48 ans / Janine FAUVEL, retraitée de la CPAM, 66 ans / Nicolas FERREIRA, étudiant en histoire, 29 ans / Sylvie GUICHARD, kinésithérapeute, 55 ans / François SAINT-JAMES, conférencier au Mont-Saint-Michel, 49 ans / Anne SOURDIN, sage-femme, 56 ans / Alain ATLAN, agent des finances publiques, 42 ans / Edith PAYEN, infirmière retraitée, 63 ans / Samuel BOURDIEC, moniteur éducation, 42 ans / Christiane SERGENT-TISSOT, assistante maternelle retraitée, 64 ans / Bertrand CLAVEAU, commerçant libraire-bouquiniste, 57 ans.
galerie photos de la journée via Tumblr : cliquer ici
vidéos
annonce des résultats :
reportage de France 3 Basse-Normandie (Stéphanie Vinot / Joel Hamard) - dimanche 23 mars 2014 :
David Nicolas retrouve ses sympathisants salle Lenoël à Avranches (22h00) [MAJ 24/03/2014 - 13h30]
réactions de François Dufour, vice-président EELV du Conseil Régional de Basse-Normandie à la victoire de David Nicolas [MAJ 01/04/2014 - 21h00]
François Groualle - avranches infos
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La défaite de G. Huet.
Alors que l’abstention a atteint des niveaux records sur le territoire national, la participation a été, à Avranches, somme toute assez identique aux deux précédents scrutins municipaux (62,2 % contre 63,7 en 2008 et 62,1 en 2001) ; certes le scrutin de 2014 a enregistré 151 votants de moins qu’en 2008, mais avec 113 inscrits de moins aussi.
Dans un contexte national très favorable à la droite, le député-maire UMP, a pourtant encore perdu des voix par rapport au précédent scrutin municipal. Cela s’inscrit dans une érosion régulière de son électorat depuis 2001 (- 509 voix), mais qui s’est accélérée entre 2008 et 2014 (- 179, puis - 330 voix). Comment peut-on l’expliquer ?
Contrairement aux affirmations du maire sortant, les causes que l’on peut identifier sont parfaitement « rationnelles ». Il y a tout d’abord l’usure due à la longueur des mandats, maire-adjoint pendant 6 ans, puis maire pendant 13, soit 19 années à la gestion de la ville. Il y a probablement une sanction de l’électorat par rapport au cumul des mandats, et à son refus maladroit de ne pas vouloir annoncer clairement s’il garderait son mandat de maire pendant six ans. Une autre explication au désaveu de l’électorat tient aussi à la personnalité même de G. Huet. Au fur et à mesure du temps, il s’est fait de plus en plus autoritaire, de plus en plus cassant, souvent méprisant et agressif vis-à-vis de tous ceux qui osaient penser différemment, devenus ipso facto des « ennemis de la ville », tels les « intellectuels », sa bête noire ! De plus en plus de citoyens n’ont plus supporté cette attitude, comme ceux qui ne recevaient jamais de réponse aux courriers qui lui étaient adressés. On peut presque parler d’autisme politique. Il a fini par se considérer comme inattaquable, « propriétaire » de ses mandats et de « sa » ville. Ce qui explique cette non-campagne, commencée très tardivement quand il a senti que les choses changeaient. Les dossiers chauds comme le problème des poubelles n’ont fait qu’accélérer le mouvement de recul.
Pourtant il ne faudrait pas considérer G. Huet, comme mort politiquement. Son total de voix est curieusement égal à l’unité près (1546/1547), à celui recueilli par lui lors du premier tour des législatives de 2012. C’est son socle, sa base électorale, qui lui donne toutes ses chances lors des prochaines législatives, à moins que les élus de la communauté de communes ne lui renouvellent pas leur confiance pour la présidence de celle-ci, ce qui le fragiliserait beaucoup plus fortement et compromettrait la suite de sa carrière politique.
La victoire de D. Nicolas.
Elle s’inscrit bien évidemment en creux par rapport à l’analyse précédente. Une équipe et non pas un seul homme ; une équipe diverse issue de la société civile loin des clivages partisans. Une campagne démarrée il y a plus d’un an, à l’écoute des citoyens et à leur rencontre, et une volonté de rassemblement. Une campagne dynamique menée avec des moyens modernes (site internet, réseaux sociaux) qui ont su parler aux gens. Le souci de mettre en avant les dossiers locaux et surtout la volonté de réveiller Avranches et d’en faire la locomotive de la nouvelle communauté de communes. Pour D. Nicolas, le défi est immense. Il a donné espoir aux avranchinais, il ne doit pas les décevoir.