pas de référendum local sur l'avenir des barrages sur la Sélune : camouflet pour Guénhaël Huet député et président de l'EPCI
Pour : 20 contre, Non 36, abstention 4.
Une majorité d’élus de la Communauté de communes Avranches Mont-Saint-Michel (ci-après CCAMSM), réunit en conseil samedi 4 juillet dernier, ont rejeté le projet de référendum / consultation populaire locale sur l’avenir des barrages de la Sélune.
cf. tweet :
PAS de consultation sur les barrages de la Sélune sur le territoire de #CCAMSM 60 votants sur 82 oui : 20 non : 36 abs : 4 #Avranches
— avranches infos (@avranches_infos) 4 Juillet 2015
Un véritable camouflet pour son initiateur, Guénhaël Huet, président de ladite CCAMSM et député de la circonscription.
La semaine précédent le vote, le dernier, dans la presse locale (Ouest France), il avait annoncé qu’environ 60 maires (sur 82) soutenait cette initiative.
cf. tweet :
#CCAMSM. Référendum & barrages. 60 élus étaient OK avant le vote, 20 OK lors du vote ... https://t.co/SmNyzr5gL0 pic.twitter.com/krjVYohIQt
— avranches infos (@avranches_infos) 5 Juillet 2015
Que s’est-il passé, comment en est-on arrivé là, … ? quelques éléments d’explications.
On ne fera pas l’historique sur le dossier des barrages qui mériterait faire l’objet d’une thèse une fois que toute cette affaire sera terminée.
Quelques repères tout de même.
Le 13 novembre 2009, la ministre de l’Ecologie Chantal Jouanno annonce l’arasement des deux barrages sur la Sélune (Vezins (1ère photo à droite) et la Roche-qui-Boit (2ère photo à droite)). En question la mauvaise qualité de l’eau en amont et l’impossibilité de libre circulation des poissons en raison des ouvrages hydro-électriques. La Ministre s’engage à ce que le renaturalisation de la vallée de la Sélune soit exemplaire, avec une dimension liée aux emplois (lire ici).
Arasement confirmé mardi 21 février 2012 par Nathalie Kosciusko-Morizet, successeur au ministère de l’Ecologie (lire là).
Ces décisions ont fait l’objet d’une levée de boucliers d’élus et d’une association locale «les amis du barrage» menée par le frondeur local Guénhaël Huet, député, président de l’EPCI d’Avranches et à l’époque maire d’Avranches.
Réunions publiques, rendez-vous au Ministère, le parlementaire n’a pas ménagé sa peine pour tenter de retourner l’opinion publique et convaincre les pouvoirs publics et les "technocrates parisiens" à revenir sur leur décision (lire le dossier).
Un long travail de lobbying qui au final n’aura pas porter ses fruits.
Pourtant la lumière était au bout du tunnel et tous les espoirs permis.
Le 4 décembre 2014, Ségolène Royale, ministre de l’Ecologie, s’interroge du bien-fondé de l’arasement des barrages eu égard au coût (38 millions € + 15 millions € pour la renaturalisation de la vallée) (lire ici).
Le 3 juin dernier, une énième réunion s’est déroulée au Ministère de l’Ecologie à laquelle étaient présents les parlementaires locaux (le député Guénhaël Hue et les sénateurs Philippe Bas et Jean Bizet) et des élus de proximité concernés par le dossier. Lors de cette rencontre, si la Ministre n’a pas tranché sur l’opportunité d’araser ou non les barrages, elle a lancé l’idée d’un référendum local (lire ici), immédiatement repris à son retour par Guénhaël Huet (lire là).
Scénario diabolique.
L’idée d'une consultation populaire proposée par Ségolène Royal est un véritable piège dans lequel le pauvr’ député va tomber sans rien voir venir. Comme pour les élections municipales de 2014 à Avranches, à titre de comparaison.
En effet, localement, ils sont de plus en plus nombreux les élus (Jean Bizet sénateur, Gilbert Badiou maire et pdt de la communauté de communes de Saint-Hilaire-du-Harcouët, Jacky Bouvet maire de Saint Martin-de-Landelles, …) (lire ici ou là) à prendre leur distance sur la position jusqu’au-boutiste de Guénhaël Huet. Ils craignent de perdre les financements prévus pour l’arasement des barrages et la revitalisation de la vallée. Avec le risque au final, une fois les barrages détruits, d’avoir une vallée en friche, une bien triste image du territoire.
On imagine bien que l’Etat connait l’évolution politique dans le sud Manche concernant ce dossier.
D’où la volonté de déstabiliser et de calmer une bonne fois pour toute le perturbateur Guénhaël Huet (cf. dossier ligne THT Cotentin-Maine).
L'idée d'un référendum local proposée par la candidate malheureuse de la présidentielle 2007 est machiavélique.
A peine suggérée, Ségolène Royal déclare quelques jours plus tard, soit-disant après consultation de ses services, que l'organisation d'une consultation ne serait pas légale (lire ici). Elle le savait dès le départ, peut-on s'en persuader.
Qu'importe Guénhaël Huet reprend l'initative populaire à son compte (lire là) avec le soutien de l'association «les amis du barrage» (lire ici).
Et compte ses alliés.
Les barrages sur la Sélune touchent le territoire de 3 communautés de communes : Saint-Hilaire-du Harcouët, Saint-James et Avranches Mont-Saint-Michel mais le projet de consultation ne concernera que la CCAMSM, les présidents des deux autres EPCI (Gilbert Badiou et Jean-Pierre Carnet) s'étant montrés hostiles à l'initiative, dixit la presse locale (lire là).
Guénhaël Huet a donc adressé aux 82 maires de la CCAMSM un courriel les invitant à soutenir la consultation.
Une soixantaine ont répondu favorablement déclare Guénhaël Huet à la presse locale.
Mais pour être organisé, la projet doit-être voté en conseil communautaire. La question est donc inscrite à l'ordre du jour du conseil de samedi 4 juin 2015.
Fort du soutien d'une majorité de communes, Guénhaël Huet est convaincu que son initiative va être adoptée et comme selon le dicton «va passer comme une lettre à la Poste».
C'est tout l'inverse qui va se produire. Récit du psychodrame et des maladresses et impréparations de Guénhaël Huet.
Le jour J, en début de conseil, Annie Parent, élue d'Avranches, demande que la question du référendum sur les barrages inscrite en toute fin de l'ordre du jour soit abordée plus tôt. L'ordre du jour étant chargé (30 questions), elle craint que certains élus soient déjà partis quand la question sera discutée. Le président élude la recommandation de l'élue avranchinaise dont la suite des évènements lui donneront raison. 1ère erreur de Guénhaël Huet.
En effet quand la question (la dernière) relative la consultation sur les barrages arrive en discusion, il est plus de midi et de nombreux élus (une vingtaine) ont déjà quitté la salle ou sont en cours de le faire en raison d'obligations professionnelles, familiales ou autre :
cf. tweet :
CCAMSM et la consultation sur les barrages sur la Sélune A 12h15, des élus quittent la salle. Ne veulent-ils pas se positionner sur le vote?
— avranches infos (@avranches_infos) 4 Juillet 2015
Le texte du rapport est lu par Henri-Jacques Dewitte, élu de Ducey et pro-barrage, et expliqué et motivé par le président Guénhaël Huet.
La consultation aurait lieu le dimanche 20 septembre 2015. 2ème erreur, des élus font remarquer que cette date est mal choisie. Elle correspond à l'ouverture de la chasse et à la journée du patrimoine. Cette date peut-être revue propose Guénhaël Huet.
La question posée serait la suivante : «Au cas où l'Etat déciderait la suppression des barrages de Vezins et de la Roche-qui-Boit, acceptez-vous que la communauté de communes Avranches Mont-Saint-Michel accompagne cette décision dans le cadre de ses compétences».
Plusieurs élus dont de nombreux vice-présidents s'opposent sur le sujet à leur président. Dans l'ordre chronologique.
Erick Goupil (maire d'Isigny-le-Buat, VP Urbanisme, Développement numérique) s'inquiète de l'avenir du complexe de loisir la Mazure à Isigny-le Buat et fait état d'une réunion en Préfecture où il a été question des financements liés au projet de renaturalisation de la vallée de la Sélune.
Denis Laporte (maire de Ducey) pour qui la consultation devrait concerner les 3 EPCI et non seulement celui d'Avranches Mont-Saint-Michel.
Marie-France Bouillet (maire de Saint-Quentin sur-le-Homme - VP Culture, Équipements, Programmation) déclare que la consultation est trop tardive et s'interroge de l'état des barrages après une vidange de deux ans et de la disponibilité de l'argent de l'Etat pour la revitalisation de la vallée de la Sélune une fois les barrages détruits.
Rémi Pinet (maire de Champcervon, VP Habitat, Maisons de santé, Gendarmeries, Aire d'accueil des gens du voyage) déclare que la consultation sera contre-productive et des pénalités financères sont à craindre si les barrages ne pas arasés.
André Dénot (maire de Pontorson, VP Assainissement collectif et non collectif) déclare tout go être contre le référendum, motivant des risques financiers de désengagement de l'Etat avec pour conséquence de voir et d'avoir une vallée en ruine.
David Nicolas (maire d'Avranches) s'interroge sur l'évolution de la question posée, sur les conséquences du vote, sur le coût de l'organisation d'un tel scrutin.
Les réponses apportées par Guénhaël Huet peuvent être entendues sur la vidéo, intégrée en fin de ce billet.
Il évoque la manipulation des organes de presse qui ont mis en avant l'illégalité de la consultation. On serait curieux de savoir de quels médias le député fait référence. Sûrement pas Ouest-France - Avranches, dont il est un secret pour personne, qui "roule" régulièrement pour l'intéressé.
Seule la vice-présidente en charge du Tourisme et de la Communication Catherine Brunaud-Rhyn (maire de Génêt et conseiller départemental du canton d'Avranches avec le binôme Antoine Delaunay, assistant parlementaire de Guénhaël Huet) apporte son soutien à son président, bien isolé ...
L'estocade a été portée par David Nicolas qui a demandé le vote à bulletin secret au lieu du traditionnel vote à main levée. Celui est acté après que plus d'un tiers des élus présents se soient prononcés pour.
cf. tweet :
le vote à bulletin secret sur l'organisation de la consultation sur les barrages de la Sélune #CCAMSM #Avranches pic.twitter.com/YA2cdCo0QG
— avranches infos (@avranches_infos) 4 Juillet 2015
La suite et le résultat du vote sont connus.
Conclusion. Cette épisode devrait enfin clore les nombreuses années de paralysie politique sur le dossier.
On peut penser que la Ministre de l'Ecologie prendra rapidement la décision ferme et définitive d'araser les barrages comme le souhaitent un groupe d'élus réunis lundi dernier à Saint-Martin-de-Landelles (article à venir).
Localement, la situation se complique pour le député et président de la CCAMSM Guénhaël Huet.
Sur le dossier, il se trouve désavoué et isolé sur le territoire, à part Catherine Brunaud-Rhyn.
Avec des vice-présidents hostiles et le caractère un brin rancunier du président, l'ambiance au sein du bureau de la CCAMSM risque d'être tendue ...
A suivre.
vidéo : «conseil de CCAMSM 04/07/2015 : pas de référendum sur l'avenir des barrages sur la Sélune» (source : avranches infos)
sites et/ou liens internet utiles :
- dossier des barrages sur la Sélune (avranches infos)
- les amis du barrage (blog officiel)
François Groualle - avranches infos
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