les JO et les droits de l'Homme en Chine ou on ne connait pas notre bonheur de vivre en France
Parler des Droits de l'Homme en Chine n'est pas sans risque.
Trois et demi de prison!
Un militant pacifiste chinois Hu Jia a été
récemment condamné à cette peine pour avoir publié cinq articles sur internet et donné des interviews à la presse étrangère, critiquant le pouvoir en place en matière des Droits de l'Homme.
Si en France et dans les pays démocratiques ces modes d'expression sont reconnus comme un droit, en Chine ils sont assimilés à une "tentative de subversion du pouvoir de l’Etat" (rien que cela!) et condamnables à ce titre.
A l'approche des Jeux Olympiques à Pékin en août prochain (8-24 août), la répression se fait de plus en plus féroce contre les militants des Droits de l'Homme.
La condamnation de Hu Jia, l'activiste le plus médiatique, ne doit pas cacher le fait que de nombreux chinois anonymes sont eux aussi arrêtés et condamnés.
Selon une ONG américaine, Dui Hua, "les arrestation politiques auraient atteint leur plus haut niveau depuis 8 ans en Chine. 742 personnes auraient été arrêtés en 2006 pour subversion, le double de 2005."
Amnesty International dans un rapport daté du 2 avril : "la vague actuelle de répression se produit à cause des Jeux Olympiques."
Ironie du sort, l'organisation des Jeux Olympiques ont été attribué en 2001 par le Comité International Olympique (CIO) à la République Populaire de Chine entre autre dans l'espoir de progrès en matière des Droits de l'Homme dans l'empire du milieu.
Au lendemain de la désignation Liu Jingmin, vice-président du comité de candidature de Pékin déclarait en avril 2001 « En confiant à Pékin l’organisation des Jeux, vous contribuerez au développement des droits humains. »
Amère plaisanterie.
La répression s'abat sur les militants des Droits de l'Homme, mais aussi sur les minorités ethniques, notamment les tibétains.
Ces derniers refusent la sinisation forcée du Tibet, territoire occupé par la Chine depuis 1949.
La colonisation accélérée, par l'arrivée massive et ininterrompue de chinois, au Tibet est considérée par le Dalai Lama, chef spirituel tibétain, comme "une forme de génocide culturel".
Lhassa, capitale du Tibet et haut lieu de la spiritualité bouddiste en est un exemple frappant.
Sur 400.000 habitants, seulement 50.000 tibétains habitent à Lhassa. Les 85% restant (!) sont chinois. Lhassa comportent un nombre très important de clubs de karaoké, de salles de danse, de bars, de restaurants non tibétains et de maisons closes, commerces qui détruisent complètement l'esprit de la ville.
L'approche des J.O. donne aux tibétains l'occasion de donner une caisse de résonance à leur lutte politique dans l'espoir d'obtenir davantage de droits auprès des gouvernants chinois.
Sans quérir immédiatement l'indépendance, l'autonomie du Tibet au profit des autochtones serait un premier pas.
Vu la répression sauvage et brutale de ces dernières semaines, les autorités chinoises ne semblent pas disposer à lâcher quoi que ce soit, même pas le droit de manifester ...
Au niveau politique, les dirigeants des Etats démocratiques s'interrogent sur l'attitude à suivre devant cette répression chinoise tout azimut.
Outre les classiques déclarations verbales de réprobation, la question qu'ils se posent est faut-il boycotter sportivement les J.O. ou seulement sa cérémonie d'ouverture pour amener les responsables chinois à la raison?
Il existe au moins un précédent : les J.O. Moscou en 1980 où de nombreux Etats s'étaient abstenus d'envoyer des athlètes après l'invasion soviétique de l'Afghanistan l'année précédente.
Mais là, le contexte géopolitique est différent.
Dans un monde économique et financier globalisé, le poids de la Chine en début XIXe siècle n'est pas celui de l'URSS le siècle précédent qui vivait de manière autarciques avec les pays socialistes du COMECOM, sans lien avec les pays occidentaux sous économie de marché.
La Chine est l'un des moteurs de l'économie mondiale et il la finance via ses fonds souverains.
Autant dire que contrarier ce pays d'1,3 milliard d'habitants dans une économie mondiale récessionniste, les pays démocratiques y réfléchissent à deux fois.
Entre Droits de l'Homme et capitalisme, il ne faut pas être grand clerc pour voir de quel coté la balance va pencher.
Loin de ces aspects géopolitiques, les futurs participants aux J.O. de Pékin, les athlètes, s'interrogent eux aussi. Enfin quelques uns.
Sans vouloir être les dindons de la farce par un boycott - les J.O. c'est une fois tous les 4 ans et la carrière d'un sportif est courte -, mais aussi pour certains sensibles aux atteintes des Droits de l'Homme dans le pays hôte et tous liés par le devoir de neutralité qu'impose la charte olympique, les athlètes se grattent la tête.
Cette interrogation pourrait se résumer comme suit : « comment avoir bonne conscience et participer aux J.O. » C'est un peu direct, mais c'est l'impression que leur attitude me donne.
On se rassura demain à l'occasion du passage de la flamme olympique à Paris, les athlètes français courageusement porteront un badge sur leur vêtement sur lequel est indiqué le slogan ouvertement anti-chinois et pro-droits de l'Homme (!!!) : "Pour un monde meilleur. France."
Et nous, simples citoyens, qu'allons nous faire?
De là où nous sommes, juste devant notre ordinateur ou ailleurs, nous ne pouvons malheureusement pas faire grand chose.
Enfin si pour ceux qui habitent dans des villes importantes où des manifestations de soutien sont ou seront organisées, ils peuvent y participer.
Pour les autres, il est toujours possible de signer des pétitions en ligne qui peuvent, lorsqu'elles sont MASSIVEMENT signées, produire quelques effets.
les pétitions :