Présidentielle 2022. « Français, abstenons-nous !» la "une" choc et équivoque de La Manche Libre
A quelques jours du second tour de l'élection présidentielle, la une de l'hebdomadaire La Manche Libre titrée « Français, abstenons-nous ! » fait polémique.
Les deux candidats au second tour de l'élection présidentielle Emmanuel Macron et de Marine Le Pen face-à-face, le titre « Français, abstenons-nous ! » en gros caractère et un édito en minuscule, le tout sur fond noir et blanc est la dernière une de l'hebdomadaire La Manche Libre, sorti jeudi 21 avril 2022, à quatre jours du scrutin déterminant.
Elle suscite beaucoup de réactions sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook.
L'encyclopédie libre Wikipédia définit la une d'un journal comme sa première page (la page "une"). « C'est la page la plus importante puisqu'elle est généralement la seule qui sera visible avant l'achat d'un journal. Il s'agit donc pour le comité de rédaction de faire en sorte que la une soit suffisamment synthétique et attrayante pour favoriser l'acte d'achat et le désir de lecture. Elle doit permettre de renseigner utilement sur le contenu du journal » (lire ici).
La polémique a été lancée sur Facebook par Denis Bersauter (photo à droite), ancien journaliste de l'hebdomadaire et chef d'agence à Coutances et actuel attaché parlementaire du député LREM de la Manche Stéphane Travert.
A 12h18 jeudi 21 avril, sur son compte personnel, il réagit violemment à cette couverture.
« Cette Une de La Manche Libre est une honte et c'est un ancien journaliste de ce média qui vous le dit.»
Poursuivant « Pendant plusieurs minutes, j'ai cru, incrédule, que La Manche Libre nous appelait à ne pas voter. Puis j'ai lu l'éditorial et je me suis rendu compte que, au prix d'une argumentation tortueuse et d'un difficile exercice d'équilibre sémantique, l'éditorialiste nous appelait en fait à ... nous abstenir de nous abstenir ».
Et donner un début d'explication à cette une : « Cela pourrait prêter à sourire si la vraie raison n'était pas, une fois de plus, de racoler avec un titre provocateur pour faire vendre ».
Il conclut « La Manche Libre s'est adressé aux électeurs, moi je m'adresse à ses lecteurs. Effectivement, abstenez-vous. Abstenez-vous de lire cette édition de La Manche Libre ! ».
Extraits « Tout à fait d’accord avec le commentaire », « Quelle honte ! », « De plus en plus de dérives », …
Des élus locaux comme l'ancien député LREM Grégory Galbardon ou l'écologiste Christiane Durchon prennent position sur le même registre.
Quelques commentaires favorables à la une se détachent. A l'exemple de celui de Denis Féret, conseiller municipal d'opposition de Granville et proche d'Eric Zemmour : « Notre liberté dépend de la liberté de la presse ! L'indépendance journalistique : une valeur sacrée ! Il reste encore, voir très peu de journaux indépendants. Merci à la Manche Libre pour son pluralisme incarné depuis 1944 date de sa fondation. »
C'est seulement 7 heures plus tard, à 19h26, que La Manche Libre a réagi sous la plume de Louis-Vianney Leclerc, petit-fils du fondateur de l'hebdomadaire, directeur délégué et auteur de l'éditorial en question.
Selon M. Leclerc, Denis Bersauter se vengerait contre son ex employeur : « Attaquer [La Manche Libre] à travers les réseaux sociaux pour régler des comptes personnels ne grandit personne [...] .»
Il explique et justifie sa une :« Ecrire pour être lu » est une règle fondamentale du journalisme. Un titre est fait pour accrocher, un éditorial pour déranger, il semble que le résultat soit atteint…»
Et légitime la ligne éditoriale et l'indépendance de l'hebdomadaire : « Votre attaque et celles de quelques politiciens envers La Manche Libre démontrent que notre équipe de collaborateurs fait honneur à ce journal et à son histoire de résistance et d’indépendance. Toutefois, cela trahi le fossé inquiétant qui se creuse entre les électeurs et leur représentant … »
Si le candidat et président sortant Emmanuel Macron est le favori dans les sondages face à Marine Le Pen, des incertitudes subsistent notamment le taux de participation au second tour (lire ici).
Au premier tour, ce taux était de 73,69% en retrait de 4 points par rapport à 2017.
1 électeur sur 4 n'a pas voté au premier tour.
Et ce taux risque d'être encore plus faible au second tour, un bon nombre des 7.712.520 électeurs de Jean-Luc Mélenchon envisageant de ne pas voter.
Cette abstention, si elle est importante, pourrait être préjudiciable au président sortant.
Les électeurs manchois iront voter dimanche prochain pour le second tour, mais seront-ils aussi nombreux qu'au premier tour avec un taux de participation de 75,26%.
Les résultats du département de la Manche au soir du second tour seront scrutés avec un focus sur ce taux de participation.
En cas d'abstention trop importante, hommes politiques LREM, analystes et autres pourraient acccabler La Manche Libre avec sa une choc et équivoque.
Il est probable que cette une, la polémique qui s'en suit et ses conséquences éventuelles au second tour dans la Manche puissent faire l'objet d'études dans les écoles du journalisme et les instituts d'étude politiques ...
source photos :
journaux au centre commercial Leclerc d'Avranches : crédit @ avranches infos
Denis Bersauter : source Facebook
une de la Manche Libre : source Facebook
FACEBOOK - extraits / copies écran
publication de Denis Bersauter - jeudi 21 avril 2022 à 12h18
commentaires sous la publication
réponse de Louis-Vianney Leclerc, directeur délégué de La Manche Libre, jeudi 21 avril 2022, 19h26
sites et/ou liens internet utiles :
- La Manche Libre (portail)
- La Manche Libre (Wikiépdia)
- ...
François Groualle - avranches infos
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